Par Jean-Claude Alary
Avant l’arrivée d’Olérys les faïenciers de Moustiers ne signaient pas leurs œuvres et il est parfois difficile d’attribuer avec certitude une pièce à notre centre, en particulier lorsqu’elle est décorée de chinois ou d’oiseaux en camaïeu bleu, décor utilisé à la même époque dans d’autres centres faïenciers, notamment à Marseille.
La comparaison de formes nous a permis d’identifier les caractéristiques de la production moustiéraine1. Nous avons remarqué un élément très particulier du décor : une succession de pagodes dominée par un arbuste ou une grande fleur. Ce motif est retrouvé dans environ 25 p. cent des pièces décorées en camaïeu bleu de chinois ou d’oiseau attribuables à Moustiers. Il n’est jamais retrouvé sur les faïences de Marseille et des autres centres qui ont utilisé ce décor comme Alcora.
Habituellement un chinois (ou un oiseau) est accolé mais il peut être placé entre les pagodes et l’arbuste.
Parfois ce motif est isolé et peut même constituer l’unique décor comme sur l’assiette ci-dessous :
L’enfilade de pagodes arborée n’est habituellement pas retrouvée sur les faïences de Moustiers aux chinois polychromes mais une exceptionnelle assiette de la fabrique d’Olérys, signée de Fabre, la reprend, ce qui authentifie son origine moustiéraine.
On peut considérer qu’il s’agit d’une véritable signature de Moustiers, ce qui permet d’attribuer avec certitude à notre centre des pièces de forme atypique ou rare comme cette gourde du Victoria & Albert Museum.
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1 Alary Jean-Claude, Les chinois de grand feu, un décor méconnu des faïences de Moustiers, Nîmes 2008.