En septembre 1928, Marcel Provence et son ami Tony Reymond décidèrent de créer l’Académie de Moustiers.

 

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Marcel Provence fondateur de l’Académie de Moustiers.

 

Marcel Joannon, poète et écrivain, avait pris comme pseudonyme le nom de la province qu’il aimait passionnément. Il passa sa vie à promouvoir les traditions et à sauvegarder les biens culturels de la Provence. Il avait entrepris en 1926 la construction d’un four à Moustiers où  toute activité céramique avait cessé depuis longtemps et, en 1927, il commença à fabriquer des faïences. Tony Reymond, haut fonctionnaire, descendait par sa mère, née Féraud, de faïenciers Moustiérains.

Les statuts furent déposés à la préfecture de Digne le 22 décembre 1928 et enregistrés le 2 janvier 1929. Tony Reymond prit la présidence et Marcel Provence la charge de secrétaire perpétuel. Le but de la société était « d’étudier l’histoire de Moustiers et de ses faïences et d’organiser des manifestations littéraires et artistiques en leur faveur ».

Le dessein de Marcel Provence était surtout de créer un musée. L’Académie permettait de regrouper tous ceux qui s’intéressaient à la faïence de Moustiers : céramistes, historiens, conservateurs de musée et collectionneurs. Les dons de ses membres pouvaient permettre de rassembler rapidement un ensemble illustrant les principaux aspects de la production faïencière. D’ailleurs dès le 15 septembre 1929 un petit musée fut  inauguré.

L‘occupation de la zone « libre », à la fin de l’année 1942, interrompit les réunions de l’Académie qui ne reprirent pas immédiatement après la guerre. Marcel Provence, qui avait abandonné ses activités faïencières, avait d’autres occupations. En plus des nombreuses festivités et commémorations qu’il organisait, il se consacrait à la rédaction de son grand ouvrage : « le cours Mirabeau ».

Sa disparition brutale le 26 mai 1951, à l’âge de 59 ans, aurait pu sonner le glas de notre société, mais en septembre 1952, à la demande d’Emile Lombard, devenu secrétaire perpétuel, Henry Reynaud, érudit et collectionneur, reprit la présidence avec l’aval de Tony Reymond, démissionnaire à cause de son grand âge.

 

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Henry Reynaud

 

Henry Reynaud donna un second souffle à notre compagnie. Il fut l’auteur de plusieurs ouvrages sur les faïences de Moustiers et de Marseille. Il créa le bulletin de l’Académie de Moustiers dont le premier numéro parut dès 1953. Il organisa des expositions. Grâce à ses relations régionales, nationales et même internationales (il était président de l’Académie internationale de la céramique) les effectifs de l’Académie s’accrurent rapidement. Généreux mécène, il offrit plus de cinquante pièces au musée et entraîna dans son sillage de nombreux donateurs. Finalement il fit don à la municipalité de Moustiers du musée qui jusqu’alors appartenait à l’Académie.

 

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Discours du Président Henry Reynaud, en janvier 1964, avec de gauche à droite : MM. Mompeut, Monteuil, Curtil-Boyer, Reynaud, Lombard, Frêt, Gavot, Rebstock.

 

Henry Reynaud décéda subitement le 5 août 1964. L’Académie lui survécut. Se succédèrent à sa tête : Charles Curtil-Boyer, le général Vital d'Omézon, Marguerite Desnuelle, le docteur Jean Guillaume, le docteur Louis Julien, André Bry et Bernadette de Rességuier. Tous apportèrent leur contribution à une meilleure connaissance des faïences méridionales. Il faut citer notamment les recherches approfondies de Marguerite Desnuelle sur la faïencerie marseillaise de St Jean du Désert et celles de Louis Julien sur les faïenciers de Moustiers.

Jean Claude Alary, a été élu président de l’Académie en 2010, puis réélu en 2013, on lui doit de nombreuses publications sur les faïences de Moustiers, notamment deux ouvrages importants, l’un consacré aux faïences à décor de Chinois qu’il a permis de réattribuer à Moustiers, l’autre aux personnages grotesques.

L’Académie compte actuellement environ 120 membres. Elle se réunit trois fois par an. Son bulletin, qui paraît chaque année, publie ses travaux. Elle organise des voyages d’étude. Elle a largement contribué à améliorer la connaissance de la faïence ancienne de Moustiers, mais beaucoup de recherches sont encore nécessaires tant a été importante et diverse la production de notre centre. Puissent les générations futures continuer son œuvre !